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Les lectures de l'Orme
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4 août 2012

2. La cité de verre de Paul Auster

 

Paul_Auster_Cite_de_verre

 

Titre original : City of glass (1987) 187 pages

Pitch:

Le personnage principal, Quinn, écrivain de série policière au passé douloureux, accepte d'être pris par erreur pour un détective du nom de Paul Auster. On lui demande d'enquêter sur Peter Stillman, un religieux extrémiste qui vient de sortir de prison et qui, selon les dires de sa "cliente" a l'ambition d'assassiner son fils qu'il a torturé durant toute son enfance. L'écrivain découvrira bientôt que cet ancien professeur de théologie tente d'inventer un nouveau langage pour sauver le monde de l'incompréhension ambiante.

Avis:

 

Partant du postulat d’un écrivain en pleine crise identitaire (il ne vit que sous pseudo depuis la mort conjuguée de son épouse et de son fils), Auster construit un récit très dense empruntant aussi bien les rivages d’une quête insensée que les sentiers d’une réflexion quasi transcendantale sur le langage originel. Le tout orchestré dans un NY disséqué afin de mettre à nu ses entrailles, à savoir ses artères principales.

Il est assez incroyable de constater comment l’auteur nous retourne l’esprit avec des éléments introductifs disparates et, ma foi, assez simples.

Tout démarre par un coup de fil erroné qui verra un quidam, notre écrivain donc, se plonger dans une filature pour combler, très certainement, le vide de son existence. La bizarrerie ne s’arrête pas là. Il y a, d’abord, le couple incongru qui l’engage. Et ensuite, l’homme pisté (Peter Stillman), un illuminé de première qui entrainera notre néo détective dans les méandres de son esprit torturé. Et c’est certainement par contagion que la psyché de Quinn va se déliter, petit à petit, pour atteindre la déconstruction pure et simple quand il se trouvera face à Auster himself, son créateur.

Bien entendu toutes ces considérations ne nous sont pas assénées littéralement mais font parties d’un jeu de lecture en filigrane auquel nous convie l’écriture intelligente de l’auteur new yorkais.

Pour en revenir à la mise en abyme, dont raffole Paul Auster il faut bien l’avouer au vu de ses autres œuvres, l’écrivain évite sans coup férir l’écueil du nombrilisme en abandonnant sa personne rongée par la culpabilité. En effet, dans un ultime rebond scénaristique, apparaît à la toute fin du livre le narrateur comme personnage à part entière. Il admonestera des reproches véhéments à l’auteur. Auto flagellation ?

En moins de 200 pages, Auster développe tout un univers foisonnant qui pourtant ne se résume qu’à un petit microcosme perdu au beau milieu de Big Apple. Il se joue de nous en brouillant les pistes par divers artifices (modification du facteur temps, non aboutissement de la quête du héros) et n’hésite pas à nous interdire l’accès à certaines pistes balbutiées (lorsque Quin débusque sa proie, il se trouve que l’homme est suivi par un double de lui ! Que serait-il arrivé s’il avait suivi l’autre Stillman?).

A présent, pour moi, il n’y a plus qu’à voir comment s’inscrit cet opus dans la trilogie new yorkaise de l’auteur. En tout les cas, j’ai été emballé par cette tranche de vie surréaliste qui peut finalement se suffire à elle-même. Le côté un brin expérimental de la chose empêche tout de même la note d’atteindre les sommets.

Note : 16,5/20

 

Ber

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