7. Les marécages de Joe R. Lansdale
Titre original : The bottoms (2000) 388 pages
A reçu le Prix Edgar Allan Poe en 2001
Pitch :
Dans l'East Texas profond de la Grande Dépression, la pauvreté règne et dévaste la région comme une tornade. Le jeune Harry découvre le corps mutilé d'une femme noire sur le bord de la rivière Sabine. La femme aurait-elle été la victime de l'Homme-Chèvre, un monstre de légende ? À bien écouter les vieux du village, le Diable n'est jamais loin des carrefours et des rivières. Bientôt c'est le cadavre d'une seconde femme qu'on retrouve nu dans un arbre. Les esprits s'échauffent, on lynche un homme noir, et le père de Harry enquête.
Avis :
Superbe reconstitution d’un temps où l’Amérique traitait les noirs d’une façon inhumaine. On est vite plongé dans ces années 30 où la justice variait selon la couleur de peau. Une époque où des dingues cagoulés jouaient à faire la loi de manière sanguinaire croyant dur comme fer à un manichéisme des plus révoltants. Comme si toute l’horreur émanant de cet état de fait ne suffisait pas, Lansdale met son jeune héros face à un prédateur sexuel que l’on nommerait de nos jours tueur en série. Il bravera ses pires peurs accompagné en fonction du moment de sa jeune sœur, de son père et de sa mémère comme il aime appeler sa grand-mère téméraire.
Le roman est tout bonnement d’une grande qualité. Tout respire le vrai. On est autant effrayé par les mentalités de l’époque que par le mystérieux Homme-chèvre qui habite invisiblement une forêt qui sera le théâtre de bon nombre de scènes du livre. On est embarqué plus dans un livre d’ambiance que dans une véritable enquête à suivre minutieusement tant les moyens de l’époque sont dérisoires.
Le final est franchement à couper le souffle. Le meurtrier démasqué, on aura droit à une ultime joute riche en adrénaline et en surdosage de trouillomètre. Un roman un peu désabusé mais qui assume totalement son propos, ce qui le range indéniablement dans le rayon des chefs d’œuvre du genre.
Note : 16/20
Ber