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Les lectures de l'Orme
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22 décembre 2010

1. La petite écuyère a cafté de Jean-Bernard Pouy

poulpe

 

Publié en 1995, 94 pages

Pitch :

L'horreur ! A l'état pur ! Deux adolescents menottés à des rails. Leurs yeux grands ouverts, leurs bouches qui hurlent, les phares du train qui approche dans un grondement assourdissant et les roues qui s'immobilisent cent mètres trop loin... Suicide ? Le Poulpe n'y croit pas. Il veut y voir de plus près... Comprendre aussi qui sont ces types qui l'attendent en ricanant pour le balancer du haut d'une falaise. Tirer dans le tas s'il le faut... Débusquer le mensonge tapi derrière les murs de Varengueville. A la bonne société de Dieppe ! Ses fermes cossues, sa bonne morale... De quoi donner quelques démangeaisons au Poulpe ! Et une sérieuse envie d'aller tataner la gueule des indélicats !

Avis:

Pouy (qui sévit dans le roman noir français depuis 1983) jetait les bases d’une nouvelle franchise. Il inventait ici un nouvel héros récurrent que plein d’auteurs pourraient, par la suite, traiter à leur guise. Et ce sans déroger à quelques règles assez peu contraignantes au final.

 

Ce premier épisode nous présente Gabriel Lecouvreur, dit Le Poulpe en rapport à la taille démesurée de ses bras, qui s’impose direct comme un détective pas comme les autres. En effet, c’est lui qui décide de l’enquête à mener en feuilletant inlassablement les faits divers, attablés dans sa gargote favorite.

 

Armé d’une répartie digne d’un Audiard inspiré, Gabriel n’est pas reconnu pour sa délicatesse. Il fonce souvent dans le tas pour le plus grand malheur de sa charpente osseuse. Que voulez-vous, il fonctionne à l’instinct Le Poulpe !

 

Sur moins de 100 pages, Gabriel, décrit par son auteur tel un Elliot Gould trentenaire, s’immiscera dans la haute bourgeoisie Normande sur fond d’extrême droite et de ligue anti-avortement. Tout cela afin de prouver que le suicide de deux jeunes amoureux transis a été maquillé par de belliqueuses personnes.

 

C’est sur un rythme effréné que le récit ne nous laissera jamais véritablement le temps de nous faire notre propre enquête. Les deux seuls temps morts nous offrirons même les plus grandes sensations : d’abord sa pause hospitalière se soldera par une remise en place de quelques unes de ses articulations. Séance pour laquelle notre empathie devient galopante. Et que dire alors des quelques lignes torrides qui verra notre héros frayer avec une jeune beauté virginale qui se révélera pas si farouche que ça. Cela ne laissera personne de marbre, je vous l’dis !

 

Marginal jusqu’au-boutiste, Gabriel pompera du fric à la haute bourgeoise culpabilisée sans rapporter le moindre cents à sa chérie Cheryl, qui l’attend toujours sagement(?) au bercail. Ben non, tout son pécule il le consacre à la remise à neuf un vieux coucou soviétique !

 

Incorrigible le Poulpe !

 

 

 

Même si cela ne casse jamais 3 pattes à un canard, on est devant un exercice de style assez jubilatoire qui ouvrait une brèche sur une aventure qui perdure encore aujourd’hui.

 

 

 

Note : 15/20

 

 

 

Ber

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
M
C'est Hugues Dayez qu'il faut interroger ;-)<br /> Je répondrai *JOKER* (ce qui pour ceux qui me connaissent veut dire beaucoup) 8-(
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B
....quid sur le film réalisé par Guillaume Nicloux?<br /> <br /> <br /> B.
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M
Question piège… Récemment 2 (très) bons Poulpe dans des genre très différents Bieberfeld et Gendron. Dans les anciens, en prenant les rééditions en Librio les "bons" choix ont déjà partiellement été opérés… J'ai évidemment un faible pour 'Nazis dans le métro' et 'La Cerise sur le gâteux'… et celui de Battisti (plus pour le symbole que pour l'intrigue). Je ne suis pas fan des épisodes dont Cheryl est l'héroïne même si j'ai un faible pour le Fonteneau et le Férey.<br /> Mais en Poulpe il faut se laisser guider par son instinct et le titre… c'est déjà ça de pris. Par ailleurs, cela reste de la littérature populaire (que l'on ne trouve pas dans les lieux populaires car c'est du polar… étrange étrange) donc il ne faut rien attendre si ce n'est un petit moment de lecture et de "détente facile" ;-)
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B
Merci pour cette petite leçon d'histoire très enrichissante...<br /> <br /> En piochant dans vos souvenirs, pourriez-vous p.e. me conseiller d'autres tomes assez marquant dans la mêlées des titres parus?<br /> <br /> Ber
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M
"Franchise" qui avait aussi la particularité d'être "franche" (hou le jeu de mots tout pourri) sur ses volontés éditoriales… Pouy ne devait plus en écrire si ce n'est le dernier marquant "la mort du Poulpe" et la collection était ouverte à tous (oui oui tous… une envie poulpienne, hop un roman écrit et s'il n'est pas complètement à la ramasse il est publié dans la collection). Sorte d'approche "libertaire" de l'édition (voire "libertine").<br /> Malheureusement cette volonté s'est trouvée fortement compromise par un monstre encore plus tentaculaire que Le Poulpe : le marché !<br /> D'où une reprise en main depuis peu par Stéphanie Delestrée [si si la spécialiste de Jean Meckert ou du Dico des personnages populaires] de la gestion de collection avec une "volonté éditoriale" plus affirmée. Pouy a donc écrit un second [deuxième ?] Poulpe (plutôt moyen) sans pour autant "tuer" le héros qu'il a engendré.<br /> Par ailleurs Le Poulpe s'est retrouvé dans la tourmente de la polémique il y a peu (et ce bien malgré lui), lorsque les éditions Baleine rééditèrent un titre de François Brigneau et que Didier Daeninckx fit vertement connaître sa façon de penser… Très vite amalgame fut fait entre éditeur, titre réédité et collection "Le Poulpe"… alors que le pauvre Gabriel n'était aucunement lié à cette réédition sulfureuse.
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